Voyage à la mode spartiate
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Il faut quatre personnes, trois scooters, un peu de courage, suffisamment de temps et d'argent et surtout quelque chose qu'on pourrait appeler ''optimisme à toute épreuve ".
Et, à ne pas oublier, vous aurez besoin d'une carte d'Italie et de Grèce, même plusieurs jeux de cartes.
Mais ce quoi s'agit-il? D'un voyage de la Suisse en Grèce via l'Italie bien sûr, quoi d'autre?
Nous avons d'abord prévu uniquement de faire un petit voyage en Suisse, puis nous quatre (Ken, Brian, Tony et Bernard), appelés « Les Echarpes », avons décidé de visiter Venise et après, quelqu'un a dit « allons en Grèce ». Nous avons tous d'abord ri, mais l'idée folle ne nous a plus lâchés.
"Le tout est de commencer" Damascius
La préparation d'un voyage comme le nôtre est une longue histoire et n'est pas très intéressante, mais assez compliquée par moments. Toutefois, il y avait quelques points saillants:
Tony, tout en apprenant à conduire, réussit à rentrer droit dans un poteau de but d'un terrain de foot, ce qui le mettait sur le siège du passager pour la suite!
Les personnes à l'agence de voyage pensaient que nous étions complètement fous. Chaque fois que nous avons changé notre plan un peu, nous sommes allés les voir, et cela a été assez souvent. Et puis j'ai dû tordre le bras la veille de notre départ et le mettre dans une boucle, mais rien n'allait plus nous arrêter.
Enfin, nous avons emballé tout ce que nous pensions nécessaire. Ken pensait que nous n'aurions pas vraiment besoin de la tente, heureusement que nous avons apposé notre veto, sinon nous serions peut-être encore en Grèce, sans argent, gelés à mort.
Brian, notre philosophe et connaisseur de l'histoire grecque, a eu chaud aux pieds grâce au fait qu'il a ignoré mes conseils de ne pas prendre ses chaussettes en laine.
Et les oiseaux chantaient encore ( 13 mars (un vendredi!) 1970)
Le matin du départ, nous nous sommes levés à 6:30 heures du matin, après nous être couchés à 2h30, et pour les cinq prochaines heures, nous avons réussi à prendre le petit-déjeuner et dire au revoir à tout le monde. Tous nous ont dit que nous étions fous et presque tous qu'ils souhaitaient nous accompagner. Nous avons donc commencé notre voyage qui devait durer 36 jours et couvrir 3000 km.
Brian n'avait conduit un scooter que pendant 6 heures avant notre départ, nous étions donc obligés de conduire très lentement. Les champs étaient couverts de neige, il faisait très froid et nous ne nous étions pas tout à fait rendu compte que nous étions sur notre chemin vers la Grèce. Toutefois il n'a pas fallu très longtemps à Ken pour sentir la route ...
"Tourne avec le chemin lorsqu'il tourne" proverbe arabe
Environ une heure après avoir quitté Fribourg, nous nous sommes arrêtés pour la première fois. Ken avait disparu et Brian me parlait d'un "grand bruit" qu'il avait entendu il y a déjà un certain temps. Dans l'intervalle, Ken a essayé quelques acrobaties sur le scooter et a récolté les applaudissements de la population locale en faisant un slalom sur le gravier. Il a atterri dans une belle petite flaque d'eau boueuse et était sur le point d'être transporté à l'hôpital tout proche quand il s'est remis de son choc et a eu peur que nous allions en Grèce sans lui. Alors il a sauté sur le scooter et a convaincu quelques personnes de plus que nous étions fous. (Je me demande seulement s'il leur a aussi dit qu'il se rendait en Grèce!)
Vive Walt Disney!
Eh bien, nous avons continué à conduire en dépit de l'accident et du froid. Une tasse de café, un peu de Kirsch sur son coude et dans sa gorge, ainsi que sa musique préférée à la radio était tout ce qu'il fallait à Ken pour continuer. Nous avons pris le déjeuner sur un banc à Vevey, puis continué notre chemin sous la pluie. La route était droite et ennuyeuse, sauf pour Brian qui pensait vraiment voler. Il a été impossible de conduire plus de 1 ½ heure à la fois, de sorte que nous nous sommes arrêtés pour un autre café. Cette fois, Ken et moi étions presque morts de rire en regardant Brian. Son visage était rouge de froid et de ses mouvements tout à fait maladroits. Il ressemblait vraiment à Donald Duck
Ce n'était pas la guerre, mais le vendredi treize
Où que vous soyez, n'oubliez pas que cela pourrait être bien pire si vous étiez à la guerre. Peut-être que ce petit conseil nous a permis de continuer. Tout d'abord l'accident, puis Brian a cassé les récipients contenant le sel et le poivre, ensuite Ken a constaté la perte de quelques livres et cartes. Deux auberges de jeunesse venaient juste d'être fermées, Brian a coupé ses doigts et j'ai cassé mes lunettes. Quelle journée pour un cauchemar! Sales, fatigués et trempés, nous avons finalement atteint Sion et avons dormi dans un hôtel bon marché. D’une manière ou d’une autre, nous avons réussi à motiver et le lendemain nous étions de nouveau à notre forme normale. C’est là que j'ai dû ouvrir grand ma bouche et dire à la gentille vieille dame catholique que nous étions «plus ou moins catholiques'', heureusement que nous avons quitté le jour même!
Un héro, le hasard,
une fille du même âge,
et un peu plus tard
C'était le mariage. (Devinez qui)
Nous avons quitté Sion et avons lutté contre le vent tout le long jusqu’à Brigue. Là, nous avons pris le train pour traverser le tunnel du Simplon. De l'autre côté le destin attendait Ken, sans qu’il ne s’en doute. Nous avions l’air étrange, peut-être un peu rude ou sale, mais une chose est sûre, nous avons fait une forte impression sur tous ceux qui nous ont vus. C'est là où et quand Molly a vu Ken et Ken a vu Molly ... Coup de foudre et le mariage il y a quelques semaines.
Mais notre histoire doit continuer et peu après nous avons quitté Molly et ses amis pour ne la revoir qu’après notre retour à Fribourg.
Dov'è Il Sole? l'Echarpe verte
Italie! Nous avons pensé qu’il suffisait de franchir la frontière pour quitter le froid et la neige, la première de nos illusions à être corrigées. Le soleil était encore loin. Soleil ou pas de soleil, nous avions faim et avons bientôt fait la connaissance avec les petits magasins italiens où tout est deux fois plus cher pour les étrangers. Nous avons finalement acheté une cinquantaine de hot-dogs que Brian appelait "Wienerschnitzels'' (si seulement…).
Avec nous le… déluge: (Louis XIV Mouillé)
Notre premier jour en Italie allait bientôt prendre fin. Nous avions entendu «bip, bip" toute la journée et étions morts de fatigue. Cette nuit-là devait être mémorable. Ni Ken, ni moi-même ou Brian n'oublierons jamais Novara et la première nuit de camping sauvage.
Il n'a pas été facile de trouver une place de camping. Tout d'abord, il y avait cette petite usine avec un grand hangar couvert. Cela aurait été bien, mais il y avait un peu de lumière dans le bâtiment d’à côté, alors je suis allé demander à la personne qui y était. Comme il n'y avait pas d'entrée visible, j'ai décidé d'utiliser le klaxon. Lorsqu’en est en Italie, on fait comme les italiens .... Cela fonctionnait bien: une fenêtre s’est ouverte et un homme en slip se tenait là et me regardait. Je me demande qui d'entre nous pensait que l'autre était plus drôle. Quoi qu'il en soit, j'ai expliqué notre situation et il a écouté patiemment et, finalement, m'a dit qu'il était désolé, mais qu’il ne pouvait pas nous permettre de rester. Ensuite, nous avons vu une vieille ferme, mais le chien ne semblait pas trop apprécier l'idée de notre visite. Au prochain essai….. Cette fois, nous avons eu de la chance ...c’est-à-dire qu’au moins nous avons trouvé un endroit pour rester. Il était à côté d'une ancienne carrière de marbre. Nous avons vite monté la tente - nous nous étions entraînés chez Ken avant de partir - ensuite nous avons recouvert les scooters et porté toutes nos affaires à l'intérieur de la tente. Il nous a fallu un certain temps pour entrer dans le sac de couchage - Brian a commencé la première d’une longue série de batailles avec la fermeture éclair de son sac de couchage - mais finalement nous avons éteint la lampe de poche commencions à nous endormir. C’était une nuit agitée, chacun de nous était habitué à dormir dans un grand lit et d'avoir l'espace pour se retourner. Tout d'un coup, une voiture est arrivée dans la carrière et a pointé ses phares droit sur notre tente. La police ou peut-être des voleurs! Quoi qu’il en soit, les personnes ont probablement pris peur quand Ken a levé la tête, il avait encore son casque, et ils n'ont pas eu envie d'une lutte contre ce géant chauve! Ensuite, il a commencé à pleuvoir, la tente a rapidement été complètement mouillée, un vent froid et humide soufflait et nous tremblions de froid dans notre sac de couchage. Nous avons finalement quand-même réussi à dormir un peu, mais quand nous nous sommes réveillés, nous étions dans la tente penchée de Novara (la tour de Pise était prochainement au programme). Le milieu de la tente descendait de plus en plus, mais nous n’y attachions déjà plus d’importance. Les sacs de couchage étaient trempés, nous avons fini par dormir au milieu d'une flaque d'eau à l’intérieur de la tente. Il ne faisait pas beaucoup plus beau dehors, le brouillard, la pluie, il fallait la première tasse de café fait maison pour commencer à se réveiller. Il avait un goût de sel, probablement à cause de la boîte de conserve d’arachides dans laquelle nous avons fait bouillir l'eau, mais il était chaud.
Ensuite nous avons quitté Novara. La pluie continuait à tomber; Ken avait une protection en plastique, j'avais ma veste en cuir et Brian s'est fabriqué un "Pancho" à partir d’un sac en plastique. Nous avons continué notre chemin. Ce qui nous intéressait était d’arriver à la côte et de voir le soleil.
"La route longue et sinueuse"
Après quelques arrêts pour un café et une rencontre avec un chien gris et sale qui essayait d'obtenir un morceau de mon coude, nous avons fait un détour dans afin d'éviter de conduire dans la ville de Gênes. C’était l'Italie et nous étions juste au nord de la Méditerranée – que faisait donc la neige ici? La petite vallée a été presque complètement abandonnée et tout ce qui restait de celui-ci était en train de mourir. La seule industrie prospère semblait être le cimetière dans lequel il y avait des tombes grandes comme des maisons. Brian se souviendra toujours de cette vallée. Il s'agissait de sa première véritable expérience avec des virages, en fait il n'y avait rien d’autre que des virages pour 60 kilomètres. Ensuite, une voiture a utilisée son klaxon juste derrière lui et la peur l’a presque fait sortir de la route. Nous avons été heureux de voir la côte en début de soirée; la Méditerranée.
Qu’est –ce qui est emballés en rouge, jaune, vert, bleu, orange ou brun et a néanmoins toujours le même goût? Les biscuits italiens, bien sûr!
Quel était donc le nom de ce délicieux repas? ''Nous allons le commander de nouveau parce que c’est bon et bon marché ", Ken demande à la serveuse et elle lui répond: "Spaghetti".
Thèse, antithèse, synthèse ou Hegel dépasse un camion.
La route le long de la côte était représentée par une ligne droite sur la carte, ils doivent avoir calculé la moyenne de tous les virages. Ken montrait la voie, suivi de Brian et j'ai été en dernière position. Il y avait seulement une légère difficulté : six ou sept camions de 20 tonnes! Ken continuait de les dépasser, virages ou pas de virages. Pauvre Brian ne savait pas quoi faire. Passer ou ne pas passer ... Enfin, il décide de ne pas passer et de ne pas rester derrière, mais de conduire à côté du camion! Beaucoup de plaisir et quel suspense! Finalement nous avons pu dépasser tous les camions. Puis nous arrivions à La Spezia avec ses virages en épingle. Première vitesse, sur les deux freins et cela semblait encore trop rapide. C’était comme conduire en descendant un escalier en colimaçon. Dans la ville nous avons fait du shopping et je vois encore ce merveilleux gros morceau de chocolat aux noix, mais il avait l’air beaucoup trop cher ...
La tour de Pise
Tout le monde sait tout sur elle, il n'y a donc pas grand-chose à dire. Juste quelques petites remarques: les collectionneurs de pierre de monuments célèbres seront déçus, pas même une toute petite piève ne peut être trouvée ; et ne pas se tenir trop près de la balustrade sur le toit de la tour quand les cloches commencent à sonner, elles sonnent si fort que soit vous avez presque une crise cardiaque ou alors vous êtes tenté de sauter dans le vide. Dans l'ensemble, il est un très bel endroit et mérite tout à fait d'être vu.
Les dangers de la route
En conduisant des scooters vous pouvez être presque sûr que quelque chose va arriver, parfois (heureusement), cela ne se produit que dans l'imagination. J’avais fait signe à Ken que j'avais besoin d'essence et avais cru qu’il a compris mon signe, mais quand je me suis arrêté pour prendre l’essence, Ken et Brian ont continué leur chemin. Ken pensait que je voulais qu’il dépasse un camion et dépasser les camions était devenu sa spécialité. Il lui a fallu un certain temps, mais finalement le camion dépassé. C’est ensuite il a vu que je n'étais pas plus là. Ils ont donc décidé de me chercher dans les fossés des deux côtés de la route! Bientôt, nous étions de nouveau ensemble et prêts pour la prochaine aventure. C’était le tour de Ken. Une dame et sa petite fille voulait traverser la route. Il a juste réussi à s’arrêter devant eux. Une italienne qui se met à nous crier dessus n'aurait pas contribué à notre tranquillité d’esprit. Brian n'avait pas encore eu sa part de plaisir. Il ne devait pas attendre très longtemps.
Nous avons essayé de passer un petit camion mais les voitures continuaient à venir et n’attendaient pas tour pour dépasser Donc, je me suis au milieu de notre voie et les voitures avaient plus de peine à nous dépasser. Ken pensait que je voulais dépasser et a m’a attendu. Brian pensait que Ken allait dépasser et a donné des gaz. Bientôt, c’est lui qui était en tête avec un gros camion derrière qui klaxonnait et envoyait Brian, de peur, de droite à gauche tout à travers la route. Il était fâché contre nous, mais nous a simplement fait son signe de main typique qui voulait dire "allez, laissez-moi en paix ».
Ensuite, nous sommes arrivés à Rome à l'heure de pointe en ce qui concerne la circulation, et à Rome cela signifie réellement une situation particulière remplie de sons. Où est l'auberge de jeunesse? Cela n'a pas été facile, mais nous l’avons finalement trouvée après être passé par le Vatican, avoir été presque écrasé et tué à chaque carrefour et entre les carrefours.
Il faut le faire. . .
Après la première nuit à l'auberge, nous avons décidé d'aller à une "pensione". Sur le chemin, nous nous sommes arrêtés pour voir le Colisée et nous y sommes promenés pendant un certain temps, comme n'importe quel autre touriste. De retour sur la route, j'ai manqué un peu d’emboutir une Fiat. Chanceuse Fiat ! C’était à nouveau l'heure de pointe, la circulation était plus que dense et nous avons dû démarrer et arrêter constamment, ce que mon embrayage n'a pas aimé du tout et il a décidé de me jouer un petit tour. J'étais derrière un camion et j’avais débrayé, mais le scooter continuait quand-même jusqu'à ce que je claque sur les freins. Le phare du scooter avait presque touché le camion. Puis, le camion s’est déplacé la même chose s'est produit de nouveau. Je croyais que Brian avait été à l’origine du problème et lui ai dit d'arrêter de me pousser, j’étais très en colère. Bientôt, le mystère a été résolu vu que le scooter a finalement calé et a dû être poussé jusqu’à à la pension.
Avez-vous déjà cuit des bâtonnets de poisson dans une chambre d'hôtel? Nous avons fait! Ils étaient délicieux. Nous avons ouvert la fenêtre et mis une serviette sous la porte, le propriétaire de l'hôtel aurait probablement pété les plombs s'il avait su.
Avons-nous vu Rome?
C’est certain. Mais, comme d'habitude, nous ne l'a pas fait de la même manière que les « gens normaux ». Nous nous sommes promenés devant le Forum Romanum en y jetant un coup d’œil occasionnellement, puis nous avons pris le bus pour le Vatican et y sommes restés un certain temps, mais pendant tout ce temps nous ont pensé à autre chose. Un bon repas chez le cousin de Ken. A ce point, nous avons commis une petite erreur. Nous avons pris le mauvais autobus et avons fini par prendre le bus pendant environ deux heures en faisant un tour de Rome dans le mauvais sens.
Quand nous sommes finalement arrivés à destination, ils ne nous attendaient plus. C’est la vie ...
Quelle distance de Rome à Naples?
Chaque carte vous dira que c'est environ 220 km. Nous avons fait 350! Mea culpa, c’est tout ce que je peux dire cette fois. Un des sacs à dos (« back-pack » en anglais - mot plus facile à écrire qu’à prononcer) est tombé de l'arrière de mon scooter et nous avons passé plus d'une heure à sa recherche, mais n’avons pas eu de chance. Presque tous les films, la trousse de premiers soins, une paire de pantalons et les bermudas (jeans coupés) de Brian perdus et pas moyen de retrouver les choses. Dès lors, nous avons fait un voyage allégé avec seulement 5 pantalons à partager entre nous 3 et encore 4 semaines de route! Après le déjeuner, à Anzio, nous nous sommes dirigés vers Naples où Ken connaissait une famille. Il pleuvait, le vent nous a presque fait sortir de la route, mais nous avons continué à conduire pendant six heures sans nous arrêter. Puis est apparu le signe: Naples. Mais il nous fallait encore trouver les amis de Ken. Il leur a donné un coup de fil et leur a dit que nous sommes venus en scooters. Cela leur a paru tout à fait incroyable. Ken a été surpris d'apprendre que le père Joe était là. Enfin, nous avions un peu de bonne chance de nouveau et nous en avions bien besoin! Avec encore plus de chance, nous avons trouvé l'endroit où nous avions convenu de nous rencontrer.
Un garçon s’est approché de Ken et lui a demandé: ''Americano? " Mais Ken ne voulait pas être dérangé - et a répondu : " Non ". Ce n'est que lorsque le garçon a demandé si nous sommes venus de Suisse, que nous avons su qu'il était un membre de la famille. Maintenant, devions encore conduire jusqu’à leur domicile. C’était tout un voyage à travers d’immenses flaques d’eau et sur la « chaussée » la pire que l’on puisse imaginer.
"Sono arrivati i banditi"
Nous avions vraiment l’air de bandits! Sales, trempes, fatigués, affamée et avec des vestes de cuir, casques humides et sales, des foulards autour du cou et tous nos bagages dans nos mains: un spectacle à faire peur. A l’intérieur ils étaient tous à nous attendre. Une trentaine de personnes. Aucun d’entre nous ne savait qui était qui, mais nous avons continué à échanger des poignées de main. Puis ils nous ont dit de nous asseoir et d'attendre un peu, afin qu'ils puissent chauffer les "restes" pour nous.
C’étaient les meilleurs restes que nous n’avions jamais eus. Quelque chose de chaud, quelque chose à manger et tout ce que nous avions à faire était de commencer, mais pour un moment nous avons juste regardé. Il y avait en plus du whiskey et une cigarette. C'était un endroit magnifique, dans un monde magnifique et nous avions trouvé une magnifique façon de voyager! J'ai eu un seul problème qui restait dans ce monde: comment manger les spaghettis sans en mettre plein ma moustache? Nous avons beaucoup parlé sans réaliser l’heure avancée. Puis, une des filles (Gemma) a dit dans son meilleur anglais: ''Si vous le désirez, nous allons au lit maintenant ". Ce qu'elle voulait dire et ce que nous avons entendu n'est pas tout à fait la même chose. Cependant, aucun d'entre nous n’a osé rire jusqu'à l’arrivée dans "notre chambre". C’était une famille très catholique et nous ne voulions pas avoir être jetés dehors. (Et ils ont aussi été assez patients à l'écoute de notre italien approximatif toute la soirée.)
Whiskey pour le petit déjeuner, limonades et biscuits à midi - et du corned-beef pour le dîner, une journée dans la vie de « les écharpes ».
Le lendemain matin, nous nous sommes levés tôt, avons pris le petit déjeuner (voir ci-dessus) et après une petite discussion avec tous les membres de la famille, nous sommes partis pour visiter l’île d’Ischia. Luigi, un fils de la maison qui travaille pour la police napolitaine, était installé à l'arrière du scooter de Ken et montrait la voie à travers la ville et lui expliquait comment faire toutes sortes de manœuvres folles pour avancer plus vite. Arrivés au port, nous avons dit « ciao » à Luigi et sommes montés sur le bateau. Sur l'île, nous avons trouvé une place de camping et nous y sommes installés pour un repos de plusieurs jours. La tente n'était qu’à environ 10 mètres de la Méditerranée. Un beau coucher de soleil nous a accueillis. L'eau était turquoise et le ciel orange avec un grand soleil rouge au milieu. Il n'y a pas de belle façon de dire au revoir à une belle journée.
"Burn Baby, Burn"
Le matin suivant, nous avons lavé ce qui restait de nos vêtements et les avons accrochés pour sécher sur les cordes de la tente. Ils n’étaient pas du « blanc le plus blanc », mais beaucoup mieux qu'avant. Ken et Brian ont décidé de découvrir l'île et je me suis installé sur un rocher pour faire un croquis.
L'après-midi a été consacré à la lecture ou simplement au « dolce far niente ». Nous avons observé les pêcheurs, parlé un peu avec eux et juste passé le temps à regarder l'eau et l’horizon au loin. Cette nuit-là, nous avons décidé de faire un feu, ainsi nous avons commencé à rassembler du bois. Après un certain temps, le feu avait bien pris et nous fait cuire quelques œufs en écoutant les Beatles chanter « Let it be » à la radio. Ensuite, il nous fallait plus de bois pour le feu. Il faisait trop nuit pour se mettre à la recherche de petits morceaux ; nous avions besoin de quelque chose de grand et l’avons effectivement trouvé. Maintenant, le feu a pris de l’ampleur et la falaise derrière nous semblait allumée en orange. Ken et moi sommes partis pour chercher de l’eau et faire une petite promenade. A notre retour, Brian avait une sacrée histoire à nous raconter. Un des pêcheurs est venu dire bonjour, mais bientôt l’expression conviviale sur son visage a changé. Malheureusement le gros morceau de bois que nous avions trouvé lui appartenait et il en avait besoin de temps en temps, du moins c’était le cas avant notre arrivée. Il était en colère et a commencé à engueler Brian, mais Brian ne comprenait que quelques mots en italien, il est juste resté assis et a écouté l'homme lui crier dessus. Pendant ce temps, le feu continuait de brûler. Quand "les écharpes" ont fait quelque chose, ils l’ont bien fait. Nous n’allions quand-même pas laisser le pêcheur gâcher notre belle soirée. Nous avions un peu de Chianti, l’avons chauffé et, avec une sensation de chaleur intérieure, avons eu une bonne nuit de sommeil.
Heureux qui comme Ulysse, a fait un beau voyage "Joachim Du Be1lay
Nous avons eu un temps magnifique sur l'île d'Ischia, avons pu bien nous reposer et étions très contents de en rien faire d'autre que d'absorber les rayons de soleil. Sur le bateau de retour vers Naples, nous nous sommes assis à côté des scooters et sommes presque immédiatement tombés dans un sommeil bien mérité. Dès que le moteur du bateau s'est arrêté, nous nous sommes tous les trois réveillés en même temps. Nous étions de retour à la ''maison''.
Che cosa ha detto l'Arancia al pompiere?
De retour à la « famille », nous avons passé une très belle soirée. Nous avons joué aux cartes, à un jeu avec les signes et un autre avec les chiffres. Ils étaient très drôles, tout le monde mélangeait tout. Ensuite, nous avons raconté une blague qui en réalité n'en était pas une, tout en ayant convenu avec le Père Joe de rire avec nous en faisant semblant d'avoir compris. La réponse à la question ci-dessus était « Mussolini » et dès que nous avons prononcée, nous nous sommes mis à rire tous les quatre (avec le père Joe), puis les autres ont également rigolé et pour finir c'était le fou rire général et l'on se tenait le ventre ou se couchait par terre à moitié mort. C'était innocent et cela aurait été une excellente façon de s'en aller!
"Et voilà, voilà Tony": Abdul Yahya
Tony était l'Echarpe numéro 4 (« longue »). Il avait pris le train pour la Sicile et y était resté avec ses parents, alors que nous étions sur le chemin de Naples et sur l'île d'Ischia. Au début, nous étions censés nous retrouver à Naples, mais ensuite nous avons pensé qu'il valait mieux qu'il prenne le train à destination de Brindisi pour nous rencontrer dans cette ville. Nous avons également pensé que Tony était au courant de tout cela. Notre surprise était donc grande quand un matin il nous téléphonait pour annoncer qu'il était à la gare principale de Naples. Tout ce que j'ai réussi à dire au téléphone était « mais tu es censé être à Brindisi » suivi d'un long silence. Mais voilà, il n'y avait pas moyen de changer les choses et ainsi nous avons dit au revoir à toute la famille Fiorentino pour chercher Tony à la gare. Nous étions à nouveau en route!
La prochaine fois ....
Il ya beaucoup de choses à voir aux alentours de Naples, mais nous avons eu une mauvaise journée. Ils ne nous a pas été permis d'aller sur l'autoroute avec nos scooters (trop petite cylindrée), même si Ken a insisté et leur a dit: «Non, non è piccolo". Ensuite, nous avons dû trouver la route pour sortir de Naples et celle menant au sommet du Vésuve. C'est alors que mon scooter s'est mis en grève. Tout d'abord, il a eu trop chaud, puis j'ai crevé un pneu ce qui mettait fin à notre projet. Pas de Vésuve ce jour-là. Lorsque nous avons ensuite finalement atteint Pompéi, il était trop tard pour la visite, les portes étaient fermées. Peut-être que la prochaine fois est tout ce que nous pouvions dire.
''Quand vient la nuit, la peur se tient à la porte " Proverbe afghan
Il faisait nuit et nous n'avions pas encore trouvé une place de camping pour la nuit. Il n'y avait guère de chance de trouver quoi que ce soit dans les plaines, ainsi nous avons quitté la route principale et nous sommes dirigés vers les montagnes, que quelqu'un nous avait dit être dangereuses. Nous avons trouvé un petit sentier dans les vignes et l'avons suivi. Il s'agit d'une piste boueuse avec des murs des deux côtés, mais après un certain temps, nous avons trouvé une ouverture. Tony n'a pas apprécié du tout l'idée: « Ils tirent d'abord et posent des questions plus tard. Vous ne connaissez pas les Italiens». Il s'agissait de sa première journée avec nous et nous ne voulions pas lui faire peur, nous sommes donc repartis et redescendus dans la vallée.
Camping intérieur
Après la malchance, la bonne chance a suivi de près. A une station d'essence nous avons demandé s'ils connaissaient un endroit où nous pourrions monter notre tente pour la nuit. "Bien sûr, dans le jardin." Il ne s'agissait pas d'un grand jardin, mais il ferait l'affaire. Bientôt, toutes les personnes se sont rassemblées autour de nous et ont commencé la mise en place de la tente. Ils ont fait un travail fantastique et puis ils ont commencé à apporter des couvertures, deux bouteilles de vin rouge et nous ont invités à boire le café et passer une soirée à regarder la télévision avec eux. Lorsque nous avons essayé d'entrer dans la tente, ils ont estimé qu'elle était trop petite pour nous quatre et nous ont dit que nous pouvions dormir dans la maison vide à côté. Tony a été à l'aise maintenant: personne n'allait plus le tuer, et bientôt il ronflait et rêvait du soleil de Sicile.
Allez, « Samenerv », tu peux y arriver
Samenerv, mon scooter, a été de mauvais poil depuis notre départ de Naples et le lendemain cela n'a pas été mieux. La bougie s'est cassée, le moteur s'est mis à fumer et le scooter semblait avoir perdu toute sa puissance. A la montée, la seule chose que nous avons dépassée a été un âne ou deux. La conduite n'a pas été facile et j'ai dû utiliser tous les trucs que je connaissais afin de continuer. À Potenza nous nous sommes arrêtés pour déjeuner et avons mangé le pire cocktail de fruits jamais vu ainsi qu'un un peu de mauvais fromage de chèvre. Le fromage ressemblait à de la craie et le goût n'a pas beaucoup meilleur. Le paysage est fascinant, rude et vide. Puis est venue la ''super-strada ", une autoroute sur laquelle il nous semblait que les mulets étaient autorisés.
A quoi sert le passé sinon pour le présent?
Nous avons atteint Metaponto cette nuit-là, mais où camper? Ah! Pourquoi pas ces ruines grecques appartenant à ce musée au bout de la route? Tout ce que nous avions à faire était de lever une grande chaîne, de pousser les scooters dessous et puis marcher autour comme des gangsters afin que personne ne puisse nous voir. "Les écharpes" avaient encore frappé un coup. Nous avons probablement été les seules et uniques personnes à monter une tente entre les deux rangées de splendides colonnes. Le lendemain matin, nous avons voulu partir tôt, mais il c'était un bel endroit pour dormir. Quoi qu'il en soit, nous aurions raté une occasion de nous amuser. Pauvre petit homme qui était en charge de surveiller le musée. Nous avoir dû lui faire peur ou a-t-il vraiment vu une tente installée sur son sacro-saint temple? Ce n'était pas possible. Mais si, c'était vrai! Il marchait en haut et en bas de la route et a même tenté de conduire jusqu'à la moitié du chemin, mais la tente était toujours là. Quand il a finalement rassemblé son courage pour nous interpeler, nous lui avions déjà adressé un sympathique "Buongiorno''. Maintenant, il ne pouvait plus crier. Nous avons dit que c'était un très bon endroit pour dormir et lui avons demandé des explications sur le site et toutes les colonnes et sommes ensuite allés voir son musée. Il a probablement été heureux de nous voir partir. Je suis presque certain qu'il a ajouté une petite histoire à son commentaire habituel, ...'" et un jour quatre motards fous venant de la Suisse ont campé ici ...''
Brindisi ou rien
Nous avions un bateau à prendre à Brindisi et mon scooter faisait de plus en plus de problèmes, chauffait, fumait, pétait mais finalement restait un fidèle compagnon et lentement et sûrement nous a amenés à Brindisi. Plus besoin de conduire pendant quatre jours, c'était un sentiment merveilleux! Nous avions réussi la première partie du voyage: de la Suisse jusqu'au sud de l'Italie. C'était un accomplissement certain!
"Homme libre, toujours tu chériras la mer" Baudelaire
Nous n'avons jamais pensé qu'il pourrait être aussi compliqué pour monter sur un bateau d'Italie en Grèce, mais il a fallu plus d'une heure pour rassembler tous les documents nécessaires, sceaux etc. Puis il nous a fallu pousser deux de nos trois scooters sur le navire; aucun moyen de les faire démarrer. Dormir sur les sièges du bateau était bien pire que de dormir dans la tente. Nous tous avons fini par dormir par terre, c'est-à-dire tous sauf Tony qui pouvait s'endormir n'importe où, même sur un siège de bateau. Le lendemain matin Tony nous a cherchés partout sur le bateau avant de nous trouver. Nous étions habitués à beaucoup de choses, mais au moins dans la tente cela ne montait et descendait pas toute la nuit. Il s'agissait d'un sentiment nouveau et très étrange et probablement seulement l'idée de bientôt arriver en Grèce nous a empêchés de tomber malade.
La Grèce, notre terre promise
Bientôt la terre pouvait être vue. Tout d'abord, c'était l'Albanie, le pays interdit (peut-être l'année prochaine!). Puis Corfou, mais il y avait trop de maisons à notre goût. Ensuite, nous avons eu notre premier coup d'œil sur le continent grec. Igoumenitsa, un nom que nous avions lentement et sûrement appris à prononcer à force de changer les horaires d'arrivée; un endroit qui dans notre esprit était aussi grand que son nom a été long. C'était une grande déception. Juste un petit village et rien à y voir. La côte était tout à fait effrayant aussi: les îles sont petites et jolies, mais au loin nous ne pouvions voir que des rochers. Pas un seul village sur des kilomètres. Notre première impression de la Grèce.
Et bien, nous ferions mieux de commencer à étudier le grec.....
Nous avons débarqué à Patras cette nuit-là et étions tellement préoccupés pour trouver une place pour camper que nous avons oublié de célébrer notre arrivée. Nous étions vraiment arrivés en Grèce, cela semble presque incroyable aujourd'hui. A la station-service, nous avons découvert que la plupart des Grecs parlent uniquement le grec. Pas d'anglais, pas de français, italien ou allemand. Nous savions heureusement comment compter jusqu'à dix en grec et avons réussi à obtenir suffisamment d'essence. A la fin de notre séjour en Grèce, nous étions tous les quatre passés maîtres dans l'art de la langue des signes.
Essayez, essayez encore ..
Alors que nous cherchions un lieu où installer notre tente, un policier nous a arrêtés. Nous ne savions pas ce qui allait se passer. En fait, tout ce qu'il voulait savoir était d'où nous venions: "Suisse, Schweiz, Suisse, Switzerland et l'homme ne comprenait toujours pas. Puis il a regardé nos plaques d'immatriculation et a déclaré: ''Helvetia". Nous aurions dû savoir.... Nous lui avons demandé où nous pouvions camper et il nous a dit que nous pourrions rester dans la maison vide juste en face de nous ou sur le terrain sur la droite de la prochaine station d'essence. Si seulement tous les policiers étaient comme lui! Nous avons choisi le terrain et c'était parfait. La seule difficulté devait être de trouver un restaurant et un peu de vin rouge. Les restaurants ne payaient pas de mine, ressemblaient à de grands espaces assez vides, comprenaient beaucoup de chaises et à part le bon café grec et le vin blanc, ils ne semblaient pas avoir beaucoup de choses en stock.
Et chacun trouva sa paix.
La plage de Corinthe n'a pas beaucoup de sable. Il n'y avait que des cailloux, des petits et des grands et même quelques cailloux très petits avec des formes et dessins intéressants. Tout observateur aurait estimé que la scène était étrange: quatre hommes vêtus de vestes de cuir, cheveux longs, d'un air douteux recherchaient paisiblement des petits cailloux sur la plage. Chaque fois que l'un de nous trouvait une belle pierre il demandait aux autres de venir l'admirer. C'était une belle occupation, peut-être un peu folle ou puérile, mais cela prouve que le bonheur est fait des petites choses de la vie.
"Celui qui a peu de courage doit avoir des jambes" (ou un scooter) Proverbe italien
Quand nous avions quitté la plage, où nous avons passé plus d'une heure, un groupe de gitans était assis dans un champ voisin en train de prendre leur repas de midi. Ken aime les aventures et il voulait à tout prix prendre une photo de gitans. Il lui a fallu un certain temps pour régler l'son appareil photo et les gitans l'avaient vu et ne voulaient pas qu'il prenne leur photo ou voulaient peut-être lui demander de l'argent pour l'avoir prise. Ken n'est pas resté assez longtemps pour le savoir. Quand ils ont commencé à courir dans sa direction, il a rapidement pris la photo et a décidé de quitter les lieux dès que possible. Je ne l'ai plus jamais vu courir aussi vite....
"Il n'y a qu'un véritable problème, le problème des relations humaines" (ou de la communication), St-Exupéry
Un de nos amis à Fribourg était censé être à Athènes; un ami grec, mais qui parlait très bien le français. Tout ce que nous avions à faire c'était de l'appeler. Cela aurait été une chose facile, mais il y avait un problème: notre ami n'a pas pu venir à Athènes et lorsque je lui ai téléphoné c'est son père, qui ne parlait que le grec, qui a répondu à l'autre bout du fil. Il s'agissait d'une conversation intéressante: "Parlez-vous anglais? Français ...? .. Deutsch? Italiano ..? Oh, oh! Ensuite il n'y avait plus beaucoup à dire. Nous avons écouté nos silences réciproques pour un moment et avons abandonné l'essai.
Idéalisme contre réalisme
Nous avons trouvé l'auberge de jeunesse, avons eu un bon sommeil et le lendemain sommes allés voir Athènes et surtout l'Acropole. C'est un étrange sentiment de voir quelque chose, dans la réalité, qui jusque-là a existé seulement dans les livres d'histoire. Nous avons passé à pied devant le marchand de hot-dogs de la civilisation moderne américaine pour continuer en suivant les touristes vers la civilisation grecque en haut des escaliers. Nous avions l'air d'extraterrestres avec nos casques et écharpes. Enfin, sur l'Acropole et le Parthénon nous nous sommes assis, n'avons pas beaucoup regardé et avons juste essayé d'intégrer l'atmosphère de ce célèbre site. Ensuite, certains des touristes sont venus prendre des photos de nous assis là. Nous les avons laissé faire et faisions ainsi partie de leurs souvenirs du Parthénon. Puis nous nous sommes levés et avons commencé à faire le tour du site. Tout d'un coup j'ai entendu quelqu'un crier, dans un accent américain: « Finnigan , ne t'avise pas à jeter mon manteau. » Cela m'a fait quitter le monde des rêves et m'a ramené vers le monde réel. Comment peut-on appeler son enfant Finnigan? Et comment était-ce possible de laisser un Finnigan se promener sur l'Acropole? Bien sûr je manquais de tolérance. Alors je me suis remis à rêver.
Nous sommes entrés dans le musée et Tony s'est proposé en tant que guide, lisant toutes les explications aux statues, mais nous ne voulions pas les étudier; nous avons seulement voulu les regarder et essayer de ressentir quelque chose. Alors nous sommes allés voir l'Erechthéion en avons exploré l'intérieur pendant un moment (c'était permis). Mais Brian et moi avons vu une chose très intéressante. Devons-nous oui ou non essayer de voler cette petite colonne grecque noire ? Comment partager une telle colonne grecque une fois rentrés chez nous? A quoi ressemblent les prisons grecques ? Cette dernière question a réglé la question!
Après l'Acropole nous sommes allés à l'Agora, le centre d'Athènes antique, les rues où se promenaient Socrate et Platon. Maintenant les historiens peuvent ajouter « les écharpes » à leur liste ! Alors nous avons essayé de trouver un bon endroit pour manger, mais dans la proximité de l'Acropole, la générosité ne semblait guère être la devise des propriétaires des restaurants. La réalité était ici, idéalisme était dans les ruines que nous avions quittées.
C'était tellement beau, on y va de nouveau.
Accompagnés de deux Australiens que nous avions connus à l'auberge de jeunesse, nous avons décidé de revoir un autre vieil ami. Départ vers Corinthe ! Nous nous sommes perdus à Athènes, puis mon scooter est tombé en panne à nouveau, mais nous y sommes arrivés tout de même. Nous avons eu avons voulu voir la Corinthe antique mais elle ressemblait aux autres endroits que nous avions vus auparavant. Alors nous avons vu un château en haut de la colline voisine. Ken a demandé une dame si nous pourrions conduire jusque là-haut. D'abord elle a dit non, mais quand elle a entendu que nous étions venus de Suisse, elle a dit que si nous avions réussi cela, alors nous pourrions conduire vers le haut de la colline aussi. C'était facile, seulement Tony a connu des problèmes de rester sur le siège arrière. Il a fini assis sur la roue de secours pendant un moment. En haut, Ken est presque tombé dans le ravin, mais nous étions habitués aux surprises et désormais elles ne nous impressionnaient plus. Il y avait une magnifique vue. La seule difficulté était de ne pas tomber dans un des puits non protégés tout en découvrant les ruines en admirant le paysage. De retour à Athènes nous avons mangé une montagne des souvlakis et avons bu quelques unes des huit bouteilles de soda que Tony avait achetées. Notre estomac s'habituait à tout et était content de manger quoi que ce soit.
Au revoir et bientôt
Tony ne se sentait pas très bien, il n'était pas habitué à ce genre de vie et avait besoin d'un peu de repos. Nous ne voulions pas le laisser seul, mais son état n'était pas trop sérieux. Il lui fallait juste le repos. Quant à nous, nous voulions toujours continuer le voyage; Brian voulait voir Delphes et Ken et moi irions n'importe où mais n'avions pas envie de rester à Athènes, une grande ville comme la plupart des autres grandes villes en ce monde. Nous avons convenu de retrouver Tony à Corinthe quelques jours plus tard, lui avons souhaité un bon rétablissement et sommes partis en direction de Delphes.
Il faut savoir s'arrêter au bon moment
En route vers Delphes, nous sommes allés voir le monastère de Daphni. L'endroit est beau, mais plutôt une attraction touristique qu'un monastère. Ken a choqué la plupart des touristes en s'étalant sur le dos au milieu de l'église pour prendre une photo du plafond en mosaïque. Après Daphhi nous sommes arrivés à Thèbes, mais Alexandre le Grand avait été là avant nous et il avait pris soin de la ville de sa manière: en rasant la ville pour ne laisser rien d'intéressant à voir. Puis le scooter de Brian est tombé en panne et nous avons dû nettoyer son carburateur et avons également tiré profit de la situation pour prendre un petit repas. Le jour était très agréable et lumineux, nous nous sommes assis dans les champs sous le ciel bleu et avons écouté un âne « eeh-oh » au loin. C'était la Grèce, et nous appréciions notre séjour. Ensuite nous avons atteint le village de Levadia et ici nous avons complètement ruiné l'idée qu'un policier se faisait des règles de la circulation en faisant environs six tournées sur route sur la route principale. Je me demande ce qu'il pense des conducteurs suisses… Ce soir-là nous avons eu de la chance. Le soleil se couchait et il nous faillait trouver un endroit pour camper, ce qui n'était pas facile à trouver dans les montagnes grecques. Le lendemain matin nous avons pu constater que l'endroit que nous avons choisi était le dernier possible pour de nombreux kilomètres à suivre. De la chance.
Vedera Delfi et poi... partire! (ou quatre accidents en 2 jours !)
Sur le chemin vers Delphes nous avons vu le monastère d'Osian Lucas, avons bu l'eau de Mont Parnasse, la montagne des poètes parisiens recouverte de neige, avons acheté une veste en peau de mouton pour le frère de Brian et finalement le rêve de Brian est devenu réalité. Il a pu voir Delphes. Nous avons vraiment fait savoir que nous étions arrivés. Particulièrement un chauffeur de camion de rappelle probablement encore de ces trois fous qui se dirigeaient directement sur lui en scooter en l'évitant, l'un après l'autre, de justesse. Delphes était plein de petits enfants anglais et tous nous regardaient fixement, comme si nous étions venus d'un autre monde. Dans le musée nous avons raté notre coup : « Vous appartenez à un groupe ? » demanda l'homme à l'entrée. Peut-être qu'il a pensé que les « Hells Angels » avaient envahi la ville. Nous n'avions vraiment pas l'air de faire parti d'un groupe mais, pensant que cela devait être moins cher, avons répondu « bien sûr ». Ce n'est qu'après qu'il nous a dit que les groupes devaient payer et que c'était gratuit pour les autres personnes car c'était l'un des jours spéciaux gratuits. Le musée ne nous a pas vraiment passionné, même Brian était heureux de partir. Nous étions fatigués et toutes les colonnes et statues commençaient à se ressembler. C'est alors la pluie s'est mise à tomber et cela signifiait des accidents, comme nous l'avons bientôt découvert. Il y avait de l'huile partout sur la route. D'abord je suis tombé et j'ai glissé vers le bas d'une route sur le siège du mon pantalon (ou pour être précis, celui de Brian). Alors Brian a eu son tour, son scooter est tombé sous lui, il a fait une glissade similaire à la mienne. Ken a fait connaissance de l'huile deux fois le jour suivant; et cela l'a traumatisé pour la suite. Pendant quelques jours il voyait de l'huile partout. Nous étions heureux d'avoir été à Delphes, mais également heureux d'en repartir.
Un jour international : le Suédois sicilien et le filet de pêcheur grec.
Maintenant nous commencions notre voyage vers la Grèce méridionale. Dans le port d'Itea nous avons voulu prendre un ferry-boat et traverser le golfe de Corinthe pour retrouver Tony. Le bateau partait tard dans l'après-midi mettait trois heures pour la traversée. Il aurait été beaucoup trop tard pour rencontrer Tony à l'heure convenue, ainsi nous avons dû le contacter et nous lui dire que nous ne pouvions pas y arriver ce jour. Une dame dans un hôtel chic parlait un peu de l'anglais et a appelé la gare de Corinthe pour nous. Là l'homme en service n'a pas bien compris le message et a demandé à Tony s'il était Suédois (au lieu du Suisse). C’était certainement l'une des premières fois qu'un Sicilien-Américain a été pris pour un Suédois. Tony est allé au téléphone et nous avons pu lui expliquer la situation et pourquoi nous ne pouvions le prendre à Corinthe ce jour-là. Alors nous nous sommes reposés un peu le long de la côte et y avons rencontré un groupe de pêcheurs grecs. L'un d'entre eux parlait un peu le français et grâce à lui il y a un authentique filet de pêcheur suspendu dans ma chambre. C'est un souvenir de la Grèce, le plus beau et le moins cher que j'ai trouvé. En effet, il avait offert le filet et a bien sûr refusé de prendre de l'argent. Ainsi nous leurs avons envoyé les photos que nous avons prises d'eux et de leurs épouses. Des personnes aimables peuvent être trouvées partout ce monde. C'est alors que nous avons entrepris notre quatrième voyage en bateau. Du vent, de l'eau qui giclait, des vagues assez hautes et des nuages foncés qui ne laissaient passer que quelques rayons de soleil. Des îles tout autour, le bateau balançait de haut en bas et l'eau éclaboussait nos visages. Si nous n'avions pas des scooters, voyager en bateau serait aussi une bonne manière de découvrir le pays. Brian et Ken ne voyaient pas beaucoup de tout ce spectacle, ils étaient occupés à admirer les filles sud-américaines à l'intérieur. Quel monde merveilleux.
« Jamais deux sans trois » proverbe français
Arrivés sur l'autre rive, nous avons dormi sur un terrain bosselé avec des fossés partout. Quand on est bien fatigué il est possible de dormir n'import où: à l'intérieur, en haut ou sur le bord d'un fossé. Nous avons dû rencontrer Tony et étions bientôt à Corinthe pour la troisième fois. Tony s'était trouvé une petite chambre d'hôtel et nous attendait sur le balcon de sa chambre. Alors nous sommes repartis. Ce devait être mon grand jour. Brian avait vu Delphes et maintenant j'étais près de voir Mycènes. En route, Ken était encore un peu secoué par ses deux accidents de la veille et n'était pas très confiant en sa conduite. Une de ses manœuvres a obligé Brian à rouler sur l'herbe à côté où heureusement les Grecs avaient économisé sur le nombre de poteaux. Brian a dit à Ken qu'il était la personne la plus stupide qu'il avait jamais rencontrée, mais bientôt l'incident a été oublié et nous sommes allés voir Mycènes.
« On se ruine souvent pour soutenir qu’on est riche » Gustave le Bon
Jadis Mycènes était l'une des villes les plus riches au monde et maintenant tout ce qui est resté est la porte de lion, quelques tombes vides et beaucoup de pierres. Toute la richesse a disparue ou attire maintenant des touristes au musée d’Athènes. Seulement le de Mycènes et l'histoire de la ville la maintiennent en tant qu'attraction touristique secondaire. Agamemnon, Electre, Clytemnestre ; des noms célèbres, à défaut de constituer une histoire dont l’on pourrait s’inspirer. Quoi qu’il en soit, j'étais content d’avoir été là après avoir tant lu sur la ville. Une chose peut cependant encore être dite en faveur de Mycènes : le vieux berger que nous avons rencontré était un homme très amical et hospitalier. Il nous a permis d'installer notre tente sous les oliviers et nous a ainsi permis de trouver la place de camping la plus agréable depuis Ischia.
Quand on est en Grèce, on fait comme les…Indiens ? Veto !
Cette nuit-là Tony a suggéré réchauffer des grands cailloux dans notre feu pour ensuite les mettre autour des sacs de couchage. Et bien, nous avons fait beaucoup de choses, mais cela nous ne l’allons pas fait ! En fait, nous n’en avions pas besoin cette nuit ; le coucher du soleil était magnifique, le feu dégageait la chaleur nécessaire et nous nous sommes réchauffés du vin rouge doux et nous sommes installés pour dormir. Seul problème : des bruits étranges à l’extérieur. Ce n’était toutefois qu’une branche d’un arbre qui touchait la tente.
Suivez le guide
Rouler en direction de Sparte : quel tour ! Rien que des virages pendant des kilomètres et kilomètres avec rien d’autre que des cailloux sur les deux bords de la route. Brian avait appris à conduire, cela ne faisait pas de doute en le voyant mener le train, coupant les virages, allant toujours plus vite. des courbes, hurlant autour de elles ; il n'y avait aucune manière de l'arrêter. Le scooter « Green-Wheatie » et le philosophe étaient devenus comme fous ! Nous avons vraiment survolé le paysage et en un rien de temps Sparte était en vue. Aucune gare, aucune auberge de jeunesse, des montagnes tout autour de la ville ; pas tout à fait l'endroit pour s'attendre au luxe.
Quelqu'un d’affamé ?
A Sparte nous sommes allés voir l’officier de policier responsable des touristes ; un homme très avenant. Nous avons voulu obtenir une information sur les hôtels bon marché, mais même le meilleur marché nous a semblé cher. L’argent s'épuisait lentement mais sûrement. Alors nous l'avons interrogé au sujet de la route de Sparte à Kalamata; « Non, vous ne pouvez pas aller là. La route vers Kalamata est bloquée, là il ya a de grands casse-croûte, des petits casse-croûte, beaucoup de beaucoup de casse-croûte sur la route ». Il y avait une petite confusion dans son vocabulaire. Par casse-croûte (snack en anglais) il voulait des rochers. Il y avait eu un glissement de terrain.
Il nous a ensuite expliqué comment entrer dans le musée gratuitement et quand nous lui avons demandé si nous pourrions dormir dans la maison vide juste vers de l’autre côté de la rue, il était vraiment désolé de ne pas pouvoir nous aider.
« Le ciel, lointain d'infiniment, n'a plus d'étoiles pour ma route» Ernest Bussy
Nous avons campé dehors cette nuit là et avons essayé de faire un feu, mais tout le bois que nous avons trouvé était humide et aurait seulement été bon si nous avions voulu faire des signaux fumigènes. Le brûleur à gaz était vide et une série de dîners froids avait ainsi commencé. Quelques gouttes de pluie sont soudainement tombées et nous avons commencé à nous inquiéter. Un « Novara » nous suffisait. Tous que nous pouvions voir étaient les hautes montagnes que nous avons prévu de traverser le lendemain. Toutefois dans l'obscurité et l’opacité hostiles est soudain apparu la lumière d’une étoile. Quand cette petite lumière était disparue nous sommes entrés dans la tente pour dormir.
L'arbre
Au réveil il faisait froid et pleuvait. C'était le genre de jour où l’on voudrait simplement se retourner et continuer à dormir. Ce n’était certainement pas le meilleur jour pour traverser un col dans les montagnes grecques. Tony n'était pas sûr de vouloir venir avec nous. Il envisageait de prendre le bus pour Kalamata mais a finalement choisi de nous accompagner. Après quelques minutes sur la route, nous étions complètement trempes, mais maintenant cela n’avait plus d’importance. Vous pouvez seulement être trempe une fois à la fois. Ainsi nous avons poursuivi notre chemin. Bientôt nous sommes arrivés devant un grand panneau indiquant en quatre langues : « la route vers Kalamata est bloquée ». Brian et moi nous sommes regardés l'un l'autre ; si cette route est réellement bloquée, nous voulons au moins nous assurer qu'il y avait aucune manière pour qu'un scooter puisse passer. Ainsi nous avons repris la route vers l’avant, ne prêtant aucune attention au panneau. Après quelques minutes ce qui était censé être une route était transformée en chemin de cailloux, de rochers et de boue. Alors nous sommes arrivés à l'endroit où les « casse-croûte » se trouvaient. Deux ou trois ouvriers s’occupaient à dégager la route. Il y avait assez d'espace pour que nous puissions passer et les ouvriers ont pris le plaisir à l'idée folle d'aller au-delà du passage par ce temps et nous ont applaudis. Virages, virages et encore plus de virages ; rochers, le vent froid sur nos vêtements humides. Là où la route était raide c’était particulièrement difficile de maintenir l’équilibre dans la boue et sur les cailloux, mais nous étions entraînés. Il n'y avait rien ; aucune cabane, aucune maison, aucun animal, tout était comme dans un désert ou une scène dans la série « Twilight Zone - la zone crépusculaire ». En haut du col nous étions frigorifiés, les habits gelaient. Il y avait même de la neige au sol, une des dernières choses que nous avions prévues en Grèce. Peu après nous étions dans le brouillard et ensuite il a commencé à grêler. La route n’était plus que de la boue entremêlée de grandes pierres. A un moment nous sommes sortis du brouillard et pouvions voir des arbres morts tout en noir qui nous paraissaient être énormes. Le vent et la pluie les avaient tordus au cours des années. Ils avaient un aspect effrayant, presque des symboles de la mort ou du mal. Ces arbres sont la dernière chose dont Ken se souvient sur cette route. En conduisant en descendant sur une route légèrement meilleure j'ai regardé en arrière pour constater que Ken avait disparu. Nous sommes retournés pour le rechercher. Il était étendu au milieu de la route, se tenant à son scooter. Il ne bougeait plus, ne savait plus où il était ni ce qu’il faisait. Le froid avait été trop pour lui, il n'avait plus aucun contrôle sur lui-même. Brian se connaissait un peu en premiers soins et s’est occupé de Ken tandis que je suis parti pour essayer de trouver de l'aide quelque part. Entre-temps Ken a perdu connaissance pendant environ cinq minutes. Nous n'avions eu aucune idée à quel point cela pouvait être sérieux et il ne nous restait plus qu’à rechercher l'aide. Après quelques kilomètres dans la boue je suis arrivé à l’endroit où j’ai cru avoir aperçu un village mais il s’est avéré que cela n'étaient que des falaises blanches. Mes mains étaient engourdies mais Ken n'était dans un état plus grave. Quelque chose devait arriver rapidement ! Et ce fut le cas. Les nuages se sont levés un peu et là, juste quelques kilomètres plus loin était un village ; le premier village depuis 30 kilomètres ! Brian a conduit sur la boue avec Ken sur le dos. Enfin arrivés au village, nous sommes entrés dans un petit restaurant, avons posé Ken sur une chaise et avons demandé d’appeler un docteur. Par chance, il y en avait un dans le village-même. Ainsi les choses se sont bien terminées. Ken avait besoin de quelques jours de repos pour quelques jours et puis ce serait bon. Nous sommes donc restés trois jours et nous en souviendrons probablement toujours comme étant les moments les plus agréables en notre voyage en Grèce.
Des journées calmes
Le nom du village que nous sommes restés était Artemisia. C'était un petit village de montagne, assez pauvre, avec environ 300 habitants. Il y avait quelques cafés, une église, deux ou trois petits magasins et c'était à peu près tout. Un place ennuyeuse selon la plupart des personnes, mais pour nous c'était la paix et la tranquillité. Il n’y avait pas beaucoup à faire. Nous avons fait de petites promenades, avons lu beaucoup, sommes restées dans le restaurant tout le reste de la journée et avons essayé de parler avec le propriétaire et quelques unes des autres personnes. Tous étaient très cordiaux avec nous. La femme du propriétaire a accroché nos vêtements humides dehors sur le balcon pour les sécher, chacun de nos désirs a été considéré tout de suite. L'hospitalité peut encore être trouvée en Grèce. D'une manière ils appréciaient le fait qu’on leur a apporté un changement dans leur vie quotidienne. Ils étaient heureux et contents. C’était seulement dommage que nous ne parlions pas le grec ; on communiquait avec des gestes et à l’aide d’un minuscule dictionnaire de poche. Mais nous nous sommes compris la plus part du temps.
Des Suisses : soyez les bienvenus et joyeux Noël à vous aussi !
Brian lisait Nietzsche, Ken dessinait une carte de notre voyage, Tony dormait en haut et je faisais un croquis quand une voiture s’est arrêtée devant le restaurant. À l'intérieur était une famille originaire de Zurich. Ils avaient vu les plaques minéralogiques suisses sur nos scooters et ont seulement voulu savoir si la route était vraiment bloquée. Alors ils ont demandé d'où nous sommes venus et une longue conversation a commencé. La mère s'est inquiétée de la santé de Ken et est sortie à la voiture avec son fils. Bientôt la table était entièrement recouverte de nourriture : viande, biscuits, potage, café et thé, etc. Mais ils ont dû reprendre la route et nous leur avons dit au revoir, leur avons souhaité bonne chance et de bonnes vacances. De retour dans le restaurant cela ressemblait à Noël. Nous n’avions pas vu autant de nourriture depuis très longtemps. Le patron est venu nous serrer la main pour nous féliciter, il était tout aussi heureux que nous.
« Le temps s'en va, le temps s'en va » Pierre de Ronsard
I faisait beau et le paysage était accueillant. Quelle différence entre la pluie et le soleil. Le ciel était bleu et les montagnes couvertes de neige; même les arbres qui nous avaient effrayés, étaient devenus fascinants à regarder. Nous avons toutefois dû partir. Les 3 jours du repos étaient terminés. Le propriétaire nous a offert une boisson. Nous avons bu à sa santé et à notre prochain séjour à Artemisia et étions tristes de devoir partir.
« Foule, vaste désert d'hommes » Chateaubriand
Kalamata était moins jolie que nous avions pensé. Ainsi nous avons simplement continué la route. Messine était la prochaine ville et elle était censée être une très belle ville selon les guides touristiques. Peut-être qu’ils n’aiment les scooters. Pour une raison ou aune autre, une bonne partie des habitants du village sont accourus dès notre arrivée. Les gens nous fixaient du regard : aucun sourire, pas un mot, aucune réaction à nos questions. L'atmosphère était tendue pour le moins. Alors une dame nous a dit qu'elle parle l’allemand et elle nous a montré le chemin vers un hôtel bon marché. La majeure partie des personnes (environ 80) nous ont suivis un moment mais nous pourrions au moins parler à quelqu'un. La dame m’a dit qu'elle avait été en Allemagne et qu'elle y avait travaillé en tant que strip-teaseuse. Nous étions heureux de nous séparer d’elle avant d’atteindre l'hôtel. Les scooters devaient être réparés et nous sommes ressortis un moment plus tard. Certaines personnes étaient toujours là à nous regarder fixement. C'était la ville la plus étrange que nous avons vue pendant tout le voyage. La nourriture était terrible, l'hôtel n’était pas bien mieux. Pourquoi avons-nous dû quitter Artemisia ?
« Pas mal» Brian Byrne
Le lendemain il n’y avait rien d’excitant à signaler, mais c’était quand-même une bonne journée. Nous étions heureux de quitter Messine et sommes repartis vers Pilos. Bientôt la plage était en vue. Nous avons jeté un coup d'oeil au port et sommes partis aussitôt dès que nous avons constaté que les gens se dirigeaient à nouveau dans notre direction d’une manière similaire à ce que nous avons vécu à Messini. Alors nous avons allés à Pilos et y avons visité l’antique palais de Nestor. Il s’agit d’un palais, bien sûr sous forme de ruines parmi les plus anciennes en Grèce : 2300 ans avant Jésus Christ. Il n’y avait pas beaucoup à voir, mais c’était tout de même stupéfiant qu’il en reste encore même une infime partie après 4000 ans.
Le petit chien à la porte nous a remonté le moral. Il n’était guère plus grand que le casque de Brian et étant tout jeune, il était intrigué par cette chose bien étrange. Ainsi il a tiré dessus et l'a traîné en long et en large avant de devoir le rendre. Sur le chemin à Pirgos, chacun de nous a failli avoir un accident. En premier Ken a sous-estimé un virage et s’est retrouvé du faux côté de la route réussissant tout juste à ne pas en sortir. Il était chanceux, un grand camion a passé quelques 30 secondes plus tard. J'ai dû dire à Tony ce que Ken avait fait faux et pendant cette explication je suis presque sorti de la route moi-même. Ensuite c’était le tour à Brian. Il avait pris la tête depuis Tripolis et avait vraiment pris goût à chasser les virages. Alors il a coupé de manière trop serrée, a claqué sur ses freins et a dérapé pour se remettre du bon côté de la route. A peine une seconde plus tard un grand autobus a surgi de derrière les feuilles d’un arbre qui surplombait la route ! Dans le village de Pirgos nous avons pris un petit déjeuner (vraiment petit), nous sommes reposés au soleil et avons également rencontré un professeur américain que nous devions pour revoir par la suite sur le bateau en quittant la Grèce.
Souvenirs, souvenirs.
Olympie était notre prochain arrêt. L'auberge de jeunesse où nous sommes restés était propre et accueillante. L’épouse du propriétaire nous y a forcés à nous laver les cheveux. Elle les a même frottés pour nous ! Ensuite nous sommes sortis pour acheter des souvenirs pour nos parents et amis et quelques petites choses pour nous-mêmes. « 20% pour des étudiants », répétait un vendeur dans un magasin. Il essayait bien évidemment d'obtenir notre argent, mais dans les autres magasins ils y allaient encore plus fort. Ainsi nous avons ajouté une boîte d'en céramique à notre bagage. C'était un vrai miracle qu’elle est arrivée entière en Suisse. Les ruines d’Olympie étaient tout à fait plaisantes et il en allait de même pour le musée, mais nous étions rassasiés; les colonnes ou les statues ne nous intéressaient plus autant qu’avant. Nous avions déjà vu notre part des ruines. L'Histoire est bonne à connaître et intéressante, mais la vie quotidienne actuelle dans un pays fait également partie de l'Histoire, peut-être qu’elle n’est pas aussi célèbre, mais parfois elle est plus intéressante et tout aussi importante. Nous nous sommes promenés tout autour des ruines d’Olympie ; peut-être que nous aurions dû montrer plus de respect, mais nous étions vivants et les pierres étaient mortes.
« Même le vagabond le plus agité rêve de sa maison » Goethe
Olympie a était agréable mais nous commencions à ne plus penser qu’à rentrer à la maison. Nous avions vu beaucoup de choses, avions rencontré beaucoup de personnes et maintenant il nous fallait du temps pour absorber toutes ces impressions. L'argent s'épuisait aussi.
Peut-être qu’un bateau part plus tôt que celui que nous avions réservé ? Ainsi nous avons conduit de nouveau jusqu’à Patras, fermant ainsi une boucle de notre excursion en Grèce méridionale, « le Péloponnèse ». Aucun bateau ! Cela signifiait deux jours supplémentaires en Grèce, à Patras, une ville qui n’avait rien de spécial à nous offrir. L'auberge de jeunesse y était terrible comparée à celle d’Olympie et les gestionnaires étaient tout à fait étranges. Le lendemain nous avons trouvé un meilleur endroit. C'était un espace de camping, officiellement fermé, mais ils nous ont laissés enter. Nous y avons installé la tente à seulement quelques mètres de l'eau. Tony n’aimait pas trop cette idée. Il a proposé de mettre toutes nos affaires en haut dans les arbres au cas où l'eau monterait pendant la nuit. Nous y avons de nouveau apposé notre véto. Le jour était lumineux et nous avions besoin de repos. Brian a lu Nietzsche, son compagnon éternel de voyage ; Ken s’étendait au soleil après avoir essayé de nager un instant dans l'eau froide, Tony lisait « Time Magazine » pour se sauver « de l'ennui total », il n’y avait pas beaucoup d’autres choses à faire ; j'ai fait quelques croquis du voyage. Enfin un peu de temps pour faire ce qu’on voulait. Cette nuit un orage est venu et nous avons dû dormir dans un petit réduit d'entreposage. L’orage était beau, le vent, la pluie, les nuages foncés, le sentiment que tout revenait à la vie après un jour de paresse. Un petit oiseau noir volait tout près de nous, jeté en l'air par le vent et par moments il restait sur place tout en continuant à battre ses ailes. Le dîner était mauvais ; encore et toujours du « corned beef » et quelques sardines, mais c'était notre dernier jour en Grèce. Demain après-midi nous partirons. « A la Suisse »
Plus jamais !
Nous nous sommes jurés : jamais plus nous prendrions un bateau grec ! L'équipage était méchant, nous a regardé d’en haut comme si nous étions quelque chose d’inférieure et a essayé de nous donner des ordres, mais nous ne les avons pas laissé faire. Une personne fatiguée ne s’occupe pas beaucoup des qu’en dira t’on ou du volume des échanges verbaux. Tony a offert de régler le dîner pour nous ce soir-là. Le dîner était exactement ce qu’il nous fallait, en particulier les suppléments que nous avons demandés et le fait que l'équipage a dû nous servir décemment maintenant avec tout le monde autour. Le meilleur repas puisque nous avions quitté Naples (il y avait bien longtemps de cela). Notre voyage par la Grèce était terminé. Nous avons passé un temps merveilleux et ne l'oublierions jamais.
Lentement et surement on y arrive
Nous avons quitté le bateau avec la musique forte sortant de toutes les fenêtre: à bord se trouvait un juke-box fantastique. Si l’on savait s’y prendre il n’était pas nécessaire d’y mettre des sous. Au contraire, argent en sortait et vous pouviez mettre autant de disques que vous vouliez. Le bureau de la douane nous a bien sûr contrôlés quant à la détention de drogues, mais nous n’en prenions pas du tout. Peu après Ken a perdu ses verres de contact et malgré notre recherche commune nous n’avons pas réussi à les retrouver. Nous avons voulu rentrer à la maison aussitôt que possible et avons pris l’autoroute immédiatement. L'arrêt effectué à Saint-Marin n’a fait qu’une seule bonne chose : maintenant nous savons que nous ne retournerons plus jamais à ce piège de touristes. Alors, retour à l’autoroute. J'ai eu un pneu plat et un peu plus tard le scooter de Brian s'est tout simplement arrêté ; un piston s’est cassé. Ken a alors attaché une corde au scooter de Brian et l’a remorqué à toute vitesse, avec moins de 2 mètres entre les deux scooters ! Que nuit nous avons dormi dans un réduit à outils à Faenza en attendant la possibilité de faire réparer le scooter. Le lendemain matin nous avons à nouveau remorqué le scooter, cette fois en ville, et l'avons apporté à un atelier où ils ont fait la réparation tout de suite.
« Fribourg or bust »
Vers la fin de l’après-midi nous avons pu enfin quitter Faenza pour commencer un long tour vers Fribourg. Il fallait conduire lentement et faire un arrêt toutes les 30 minutes en raison du nouveau piston. À un des derniers arrêts l'un de nous a proposé de conduire d’un trait jusqu’à Fribourg. Avec notre système de vote cela ne posait aucun problème. Trois votes contre le ¾. Tony n’avait que ¾ de vote parce qu'il ne conduisait pas. Il faisait nuit bientôt et également assez froid mais nous avons continué sans relâche. Tony s’efforçait de se maintenir éveillé et d’en faire autant pour Ken en tapant sur le casque de Ken de temps en temps. Brian et moi n’avions aucun problème, mais nous étions quand-même heureux de nous arrêter un moment vers 23 heures peu avant Milan pour faire une pause d’environ 3 heures. Seulement 300 kilomètres restaient jusqu’à Fribourg ! Cela nous a pris environ 24 heures ! A 2 heures du matin l'autostrada était complètement vide. La nuit était noire et tout ce que nous devions faire était de conduire droit devant nous, toujours droit devant. Nous ne pensions qu’à notre prochaine arrivée et comment ce serait d’être à nouveau à Fribourg et de pouvoir dormir dans un bon lit ! Après quelques heures et quelques pause-café, le soleil s'est levé et nous étions près de la fin de l'autostrada, mais c’est là que Brian a eu un pneu plat. Tony et moi sommes allés à la ville la plus proche pour la réparation, alors que Brian et Ken en profitaient pour dormir un moment. Quand nous avons réveillé Brian, il pensait qu'il était sur une plage en Grèce et se demandait ce que cette grande route faisait là. Le regard de Ken n’exprimait qu’une seule chose : je suis fatigué à mort !
Nous avons néanmoins continué. Une fois que l'autostrada était finie les choses allaient mieux. Nous roulions vite, aussi vite que possible, vers le passage de Simpson, vers la Suisse. Tout d’un coup la douane était là. Nous avions fermé la boucle de notre voyage et il ne nous restait qu’à rentrer à la maison. A Brigue nous avons pris un « bon » repas et nous sommes également vus dans un miroir. Nous étions noirs, sales et ne nous étions pas rasés depuis plusieurs jours. Le Valais a semblé très, très court. A Vevey, Brian s’est fâché contre un camion et l'a presque obligé de quitter la route. Alors nous sommes arrivés à Chatel-St-Denis (pas Château-d' Oex, Ken) et mon scooter a commencé à dégager une fumée comme un vieux train de vapeur. Nous avons atteint Bulle, à seulement 25 kilomètres de Fribourg, mais là il n'y avait plus manière de continuer. Ken allait s’endormir. Il ne savait plus ce qu'il faisait. 40 heures sans véritable sommeil et après un voyage comme le nôtre, c’était trop pour lui. Il est presque rentré dans une voiture garée. Nous avions besoin d'aide. J'ai appelé ma sœur au téléphone et elle est venue chercher Ken et moi en voiture à Bulle pour nous conduire à Fribourg. Brian a pris Tony sur le siège arrière de son scooter. Il était ainsi le seul entre nous d’avoir effectué tout le trajet en scooter.
« Personne n'est plus heureux qu'un homme qui part en voyage, si ce n’est un homme qui revient » Emile Bergerat
Nous étions de retour à Fribourg, de retour à la maison ; un lit, de la bonne nourriture, fini le scooter pour un moment ! Et tant de choses à raconter, tous nos amis à revoir. Le voyage valait vraiment la peine. Cela avait été dur et difficile, voire difficile à croire en y pensant maintenant. Quelque chose que nous pourrions jamais refaire et certainement une expérience que nous n'oublierons jamais ; mais il faisait aussi bon d'être de retour.